

1/12 About Kevin…and Eva
We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay
En compétition officielle du Festival de Cannes 2025 « Lynne Ramsay impose un cinéma sensoriel, tendu et viscéral. Avec We Need to Talk About Kevin et A Beautiful Day, elle signe deux portraits à vif, hantés par la violence » (Arte TV).
Les couleurs :
Le rouge est très présent dans ce film :
- Les substances rouges que Eva, successivement, essuie, brosse, ponce puis gratte.
- Les projections, du pistolet à peinture de Kevin, sur les plans de villes et cartes du monde qui tapissent les murs de la « pièce à soi » de Eva. Pièce qu’elle gardera, après l’ intervention de son fils, en l’état !
- Les étagères, aux boîtes de Tomato Soup, du magasin.
- La peluche de Celia, la petite soeur.
- Le sang, retrouvé dans l’évier, de l’animal de compagnie de Celia.
- Le Merlot que Eva déguste avec modération.
Le jaune, aussi :
- La couleur jaune des cadenas qui emprisonneront les victimes de Kevin.
- La typographie de l’affiche « Jamaica », accrochée près de la photocopieuse (tiens !) , dans l’agence de voyage où Eva a trouvé un travail, peut-être lue, par nous, francophones, comme un « Jamais ça »
- Les lumières jaunes des réverbères et des gyrophares qui éclairent, les visages, dans la nuit.
- L’omelette remplie de bris de coquilles.
- La déco intérieure, la voiture et certains des vêtements de Eva et Kevin.
- Une des peluches, un « marsupilami » ? (peluches présentées, renversées, la tête vers le sol).
- Les crousti dont Kevin, s’empiffre, en voiture.
- La structure métallique jaune, de la chaise à bascule, du Kevin à naître.
- La flèche à ventouse jaune que Kevin tire sur la vitre derrière laquelle se trouve Eva (mère qu’il épargnera, physiquement, contrairement à sa soeur, son père et les autres élèves du lycée)
- La couverture de « Robin Hood » livre de chevet de Kevin enfant.
- Le centre de la cible reflétée dans l’oeil, en gros plan, de Kevin.
- L’exsudat jaune paille sur les cotons tiges utilisés pour soigner l’oeil brûlé de Celia.
- Le mur d’enceinte de la prison et le badge visiteur sur la veste de Eva.
Des images marquantes :
L’unique oeil de Celia
Kevin déclare ne pas se sentir coupable de cet accident domestique. Ceci étant énoncé, il fait, cyniquement, gicler dans sa bouche, un litchi fraîchement épluché. Fruit qu’il dit, dorénavant, savourer.
Parallèle entre ongles découpés et bris de coquilles d’oeufs
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- Les ongles rongés que Kevin ôte de sa bouche et, aligne, méthodiquement, sur la table du parloir, lors d’une visite de sa mère Eva.
- L’omelette aux morceaux de coquilles d’oeufs que Eva mange tout en retirant, au fur et à mesure, de sa bouche, les morceaux de coquilles en les alignant, au bord de l’assiette (coquilles, des douze oeufs, découverts en bris, lors du passage, en caisse, de Eva ….oeufs cassés, à même le caddy, par la mère d’une des victimes de Kevin). Peut-être que ce repas aux bris de coquilles a une portée symbolique et fait écho au morceau « the ambush from all sides » (« l’embuscade de tous les côtés ») choisi par Eva et qu’émet l’autoradio. Musique traditionnelle chinoise que n’aime pas Kevin. Musique aussi entêtante, que le chant, quasi terrifiant, de Vilma Jää dans l’opéra « Innocence », sur le même thème, de Kaija Saariaho.
La scène du morphing dans l’eau du lavabo transformant le visage de la mère en celui du fils adolescent.
Les premiers pleurs de Eva, dans un bandana, avant une séance de repassage.
Eva hume le tissu puis, comme en pleurs silencieux, le hisse à hauteur d’yeux. La sortie de prison de son fils Kevin tout juste majeur est, alors, imminente.
Ce film et les quelques clins d’yeux à l’art moderne et contemporain :
- Les traces laissées par le passage, de la feuille du journal, sur le pare brise évoquent les « brushstrokes » du peintre Roy Lichtenstein.
- Les « dripping « de Pollock ou projections de peinture, de Kevin, sur les parois de la pièce à soi de Eva qui, de rage et de dépit, parachève le « process » en projetant le reste de peinture sur le sol.
- La foule humaine des premières images du film et celle des « happenings » du photographe américain Spencer Tunick, ici, engluée dans la couleur rouge
Je ne pense pas, avoir, par le biais de toutes ces remarques, « spoilé » une histoire, qui, a mon sens, l’était déjà !