Pendant des années, mon temps s’est partagé entre la salle de classe et l’atelier. Enseigner les arts plastiques a été pour moi un ancrage, mais aussi une source d’inspiration constante.
Le reste de l’année, pendant les vacances scolaires, je me consacrais pleinement à ma création, trouvant dans ces périodes une intensité presque rituelle.
Ces deux mondes, bien qu’apparemment opposés, se nourrissaient mutuellement.
Dans ma pratique artistique, cette organisation a créé un rythme singulier. Pendant l’année scolaire, se succédaient transmission, exploration et introspection.
Puis venaient les vacances, où je m’immergeais entièrement dans mon processus créatif, transformant ce que j’avais emmagasiné en énergie pour peindre.
Ce cycle a forgé ma démarche : un équilibre entre réflexion, observation et production intense.
La série «Art en Re Traits» est née dans ces interstices.
Entre mes heures de classe et mes étés de peinture, je travaillais avec cette palette réduite, presque méditative, composée d‘une couleur (fabriquée à partir de deux ou des trois couleurs primaires), de noir et de blanc.
Ce choix était en partie lié à ce rythme : il me permettait de canaliser ma concentration, de simplifier mon approche pour mieux aller à l’essentiel.
Vingt ans plus tard, alors que ma série évolue vers «les+», je conserve ce rythme intérieur.
Bien que je ne sois plus en salle de classe, ces cycles de transmission et de création continuent de me marquer.
Aujourd’hui, je m’autorise à davantage de couleurs et de liberté dans mes œuvres, mais toujours avec cette discipline que j’ai construit.
Cet équilibre entre structure et spontanéité reflète toute ma démarche.
Mon art, comme mon parcours, repose sur des fondations solides, mais il s’autorise aussi à déborder, à explorer de nouveaux territoires.
Mes œuvres naissent de ces cycles : des périodes d’introspection suivies de moments d’explosion créative, comme un dialogue constant entre maîtrise et liberté.